28 février 2013

Un tramway nommé désir





















Le tramway de Lyon ressemble a une énorme chenille, qui avale les passants.

Le seul problème, c'est qu'elle les recrache... :-(

25 février 2013

... (50)

mur dur, fruit mûr
murmure sûr 
soudure aux sourdes oreilles
tolérance
zéro


20 février 2013

... (49)

envie d'être ailleurs
loin, les heures
écoulée la vie
en petits lambeaux 
étiolée


14 février 2013

Quelques photos du Cambodge : marchés

Photos prises par Evelyne en février 2012. La sélection est de Nia.









9 février 2013

... (48)

dans l'inextricable se dessinent
entre l'enfer et les autres
un équilibre introuvable
une volonté réduite
à néant


1 février 2013

De la crispation sur le « mariage pour tous » et des nouvelles technologies

Je discutais ce soir avec un ami de la question du fameux « mariage pour tous » et de son étonnement face à la crispation que l'on constate, alors que cette loi nous apparaît à lui et moi comme une évidence. Moi je ne suis pas surpris parce que, comme je le dis souvent (et c'est impopulaire) « les vieux sont trop vieux, il faut qu'ils meurent ». La question du mariage homo est une « non-question » pour la plupart des gens de ma génération : le simple fait que certains le demandent, associée au fait que de toute évidence, cela ne fait de mal à personne, suffit. La question même de l'adoption nous choque à peine moins : la parentalité est si dissolue aujourd'hui qu'il vaut mieux un couple homo solide qu'un couple hétéro en mode autodestructeur.

Je parlais récemment de tout cela avec deux personnes plus âgées que moi, qui m'ont opposé deux objections.

La première est que si l'on autorise le mariage pour les homosexuels, on autorisera demain les mariages polygames et les mariages avec des animaux. L'argument est ahurissant pourtant je l'ai aussi entendu à la télévision. Sauf que, si je connais un certain nombre de personnes homosexuelles ou bisexuelles, je n'ai encore jamais rencontré de personnes vivant durablement en ménage à trois ou plus et encore moins de personnes revendiquant une relation de couple, avec ses implications sexuelles, avec un animal. Pourtant, je connais vraiment beaucoup de gens, parmi lesquels pas mal de « freaks » ! Ce raisonnement par l'absurde est donc le fruit d'une imagination débordante qui n'a rien à voir avec le réel. Il y a bien entendu la question de la polygamie islamique, mais elle est en telle opposition avec les valeurs laïques qui sont associées au mariage homosexuel que jamais ceux qui défendent celui-ci ne défendront celle-là.

La seconde (objection) est que le mariage homosexuel contribue d'une destruction systématique des valeurs traditionnelles et familiales. À cela j'oppose que si l'on y va par-là, les hétérosexuels s'y sont très bien pris tout seuls pour anéantir les valeurs traditionnelles et familiales et ce depuis cinquante ans. À la limite, les homosexuel(le)s surprennent presque à vouloir se « normaliser » par le mariage, quand ils clamaient encore il n'y a pas si longtemps leur droit à la « différence ». La revendication du mariage homo serait donc, finalement, une revalorisation de la notion traditionnelle du mariage.

Ce qui m'intéresse ici, plus que de prendre parti pour le mariage homosexuel (mes lecteurs savent que je n'aime pas prendre parti), c'est de soulever l'impact qu'a la technologie sur l'être humain. L'une des deux personnes qui m'ont récemment opposé leur refus du « mariage pour tous » se trouve être née en 1939 (autant dire au Moyen-Âge, vu l'accélération de l'Histoire). Cette personne est convaincue que les valeurs et le fonctionnement de la société occidentale de la fin du dix-neuvième siècle représentent l'apogée du progrès humain, et qu'il conviendrait de se figer éternellement sur ceux-ci. Je ne chercherai même pas à débattre du fait que cela soit souhaitable ou non, simplement parce que cela est impossible. Depuis la fin du dix-neuvième siècle, et même depuis l'enfance d'un Français né en 1939, l'espèce humaine a été soumise à une série de bonds technologiques sans précédents : que ce soit au niveau de la médecine, des moyens de transports et de communication, nous disposons d'outils et de moyens qui dépassent l'imagination de nos ancêtres et ce n'est que le tout, tout début. 

Je suis convaincu d'une chose : l'automobile, l'aviation, la télévision, internet, l'informatique, les smartphones, les transplantations cardiaques, la contraception, la physique quantique et les fusées spatiales ont un impact décisif sur notre perception du monde ! J'entends par-là non seulement notre perception quotidienne mais aussi notre perception métaphysique de l'existence. Mon interlocuteur m'affirma qu'il était tout-à-fait possible de vivre à la manière de, et selon l'idéologie des Européens de la fin du dix-neuvième avec la technologie du vingt-et-unième. Il faut bien être né en 1939 et refuser de comprendre le monde moderne, ou être aveugle, pour penser cela. Nous sommes le fruit de notre environnement, notre environnement influe inévitablement sur notre perception et nos convictions. Je m'en rends bien compte pour avoir vécu en Asie ces dernières années ! Je ne serais aucunement l'être que je suis si je n'avais pas grandi avec six chaînes de télévision et les enfants d'aujourd'hui, qui grandissent avec deux-cent chaînes et internet, ne peuvent être tels que moi. Je suis 1.0, ils sont 2.0, ceux d'avant moi sont juste... 0.0 (et ce sans jugement de valeur).

C'est cela que nombre d'opposants au « mariage pour tous » refusent d'admettre : le bouleversement sociétal et métaphysique induit par les nouvelles technologies. Est-ce à dire qu'il faille accepter n'importe quoi au nom du progrès ? Non, parce que ce n'est pas nécessairement de « progrès » que je parle mais de « changement ». Nous changeons, l'espèce humaine change et nous n'avons aucune idée d'où cela nous mène, parce qu'internet et l'informatique n'en sont qu'à leurs débuts, parce que les nanomécaniques et les cellules souches (entre autres) vont probablement bouleverser nos vies (et notre espérance de vie) bien plus encore qu'aucune technologie jusque-là. Notre relation à la famille, à l'espace rural et urbain, à la santé, à la procréation, à la connaissance, à la géographie, à l'animal et au végétal, aux notions mêmes de civilisation et d'humanité, est en constante évolution. La liberté de parole dont nous disposons aujourd'hui grâce à internet (et dont nous mésusons si souvent) n'en est qu'un aspect. 

Il nous faut évidemment rester vigilants, il nous faut de la bioéthique et de l'éthique en général. Il n'est pas question de renoncer au concept de « valeurs » mais il faut admettre que les « valeurs » d'hier ne sont pas nécessairement celles de demain et que les problématiques qui se posent aujourd'hui dépassent évidemment les notions de Gauche et de Droite. Il faut admettre qu'à l'heure où l'on est capable de cloner des espèces préhistoriques disparues et des êtres humains, les notions de procréation et de sexualité ne peuvent plus être vues à la lumière d'autrefois. Il faut aussi admettre que si la famille est un socle de la société (en admettant qu'elle le soit), la famille est à réinventer car elle est bien souvent dysfonctionnelle et cause de souffrances (elle l'a toujours été !).

Ce qui me ramène à ma position, essentiellement conservatrice en somme puisque émise par Siddhârtha Gautama il y a deux-mille-cinq-cents-ans : il faut chercher à éliminer la souffrance. Je n'ai aucune certitude que les progrès technologiques et la société qui est la nôtre aillent en ce sens, mais la spiritualité y a au moins autant sa place (en tant que potentiel en devenir) que la réduction de la douleur par moyens médicaux. Pour autant, je ne crois pas que le mariage ou l'adoption homosexuels puissent en rien augmenter la souffrance de mes concitoyens, ou la mienne. Par ailleurs, je suis totalement conditionné par la technologie qui m'entoure depuis ma naissance et, si cela ne m'empêche pas d'avoir du recul par rapport à elle, je suis en paix avec cette réalité qu'il est plus raisonnable d'accepter. Enfin, je crois que jamais mon interlocuteur né en 1939 ne pourra éprouver l'émotion que j'éprouve en visionnant le générique de Drive et pour cela, je le plains terriblement parce que moi, je puis éprouver ce que lui éprouve en lisant un roman de Dostoïevski.

Ainsi donc, il vaut mieux être né en 1976 qu'en 1939, et en 2013 qu'en 1976.
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